L'intersection du boulevard René-Lévesque et de la rue Turnbull

 

Nous logeons chez ma mère qui habite au coin Turnbull et Grande-Allée, tout près du fameux mur qui délimite le Périmètre de sécurité.  C'est donc vers son immeuble que nous dirigeons nos pas.  À cause des barrages policiers, nous devons faire un détour pour atteindre l'intersection Turnbull et René-Lévesque, où s'étale une foule pacifique.  Le soleil brille.  Certains jeunes dansent.  Les lanceurs de pierres semblent mener leurs activités plus loin sur René-Lévesque, près du Périmètre.  On ne voit pas très bien, à cause de la distance et de la foule.  Comme la plupart des gens qui se trouvent là, nous sommes debout à regarder, tout simplement.  À s'interroger sur la situation.  Je suis née à Québec, c'est ici que j'ai grandi.  Il me semble que j'ai le droit de savoir ce qui se passe dans ma ville natale, dans mon propre pays, mon continent.  Que j'ai le droit de constater les choses moi-même, sans le filtre des médias ou des déclarations politiques, à plus forte raison quand les événements se produisent sur le seuil de ma porte.  Subitement, un mouvement de foule près de nous : une bombe lacrymogène vient d'atterrir à quelques mètres, tirée par des policiers postés sur René-Lévesque. 

 

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