Les policiers
doivent préparer une manoeuvre quelconque : ils ne vont pas
rester plantés là, indéfiniment, pendant que
leurs collègues gazent la foule. Nous avons l'impression
que leur rang va s'avancer en direction du boulevard René-Lévesque,
pour disperser les gens ou faire des arrestations.
Elle a peut-être
raison, la femme qui vient de suggérer d'attendre ici, à
côté des policiers ? Après tout, nous sommes
d'honnêtes citoyens, nous ne lançons pas de cailloux,
notre comportement n'a rien d'hostile, au contraire. Les personnes
qui nous entourent sont parfaitement paisibles. Il y a quelques
jeunes gens ainsi que des gens d'âge mûr, dont cette dame
très mince, au début de la soixantaine, je dirais, qui
porte une tenue sport. Assis sur les marches d'un perron, un
homme tient une pancarte où sont inscrits les mots suivants
: $ IS NOT THE BOTTOM LINE (que je traduirai très librement
par " Il n'y a pas que le fric dans la vie ") - et de l'autre
côté : DANCE UPON INJUSTICE (" Dansons sur l'injustice
"). Mon compagnon et moi décidons de nous asseoir
aussi. Nous sommes de plus en plus fatigués. Nous
pensons que lorsque les policiers avanceront, ils passeront devant
nous sans s'occuper de notre présence. Ils ont bien vu
que nous étions pacifiques. Nous ne gênons pas
leur passage puisque nous sommes assis sur un perron. Quand
ils seront passés, nous pourrons rentrer chez ma mère.
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